6 mars 2025

La taxonomie augmente-t-elle les investissements dans des activités favorables à la nature ?

Une analyse de la pertinence de la taxonomie de l'UE pour combler le déficit de financement de la protection et de la restauration de la nature

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Alors que le cadre taxonomique de l'UE établit divers mécanismes d'incitation pour aider à réorienter le financement vers des activités économiques durables, on peut se demander s'il est efficace pour réorienter le financement vers des activités ayant un impact positif sur la biodiversité (par exemple, la conservation et la restauration) et des activités qui réduisent la pression exercée sur les écosystèmes.

Cet article examine comment la taxonomie, dans son état actuel, est extrêmement limitée en tant qu'outil de soutien à ces activités positives pour la nature. Bien que le marché des fonds axés sur la nature se soit développé au cours des dernières années, notre examen des données empiriques montre que les fonds axés sur la nature n'utilisent pas actuellement la taxonomie comme la structure de soutien qu'elle était censée être, et cela peut être dû à des incohérences réglementaires qui signifient que la biodiversité n'est actuellement que faiblement intégrée dans le cadre de la taxonomie.

Malgré l'ambition initiale du règlement sur la taxonomie de couvrir cinq macro-secteurs d'activités économiques pouvant être considérés comme contribuant de manière substantielle à l'objectif environnemental en matière de biodiversité, le règlement délégué sur l'environnement est loin de répondre à cette ambition. Dans ce contexte, nous renouvelons les appels à étendre la couverture sectorielle actuelle du règlement délégué sur l'environnement pour l'objectif environnemental en matière de biodiversité afin de couvrir les secteurs critiques de l'agriculture, de la pêche et de la sylviculture. Il s'agit non seulement des secteurs qui nécessitent le plus de financement pour atteindre les objectifs de biodiversité, mais aussi des secteurs qui reçoivent le plus d'attention de la part des investisseurs et qui sont identifiés comme les secteurs où les projets basés sur la nature ont le plus grand potentiel.

En outre, le document résume la façon dont les solutions fondées sur la nature fournissent des solutions pratiques basées sur les services écosystémiques aux problèmes sociétaux et économiques et peuvent donc offrir de meilleures possibilités de monétisation que les projets traditionnels de conservation et de restauration. Cela signifie qu'elles peuvent contribuer à résoudre le problème du manque d'attrait des projets de conservation et de restauration pour les investisseurs privés et à accroître les investissements dans des activités favorables à la nature. Toutefois, les solutions fondées sur la nature ne sont pas actuellement intégrées dans le cadre de la taxonomie d'une manière qui soutienne l'objectif environnemental de la biodiversité. L'élaboration d'une classification complète des solutions fondées sur la nature dans les secteurs pertinents au sein du cadre taxonomique pourrait renforcer la capacité de la taxonomie à accroître les investissements dans les activités favorables à la nature.

En fin de compte, la conclusion de ce document est similaire à celle du document précédent de cette série (Comment révéler les investissements négatifs pour la nature et soutenir leur réduction ?) - il est nécessaire de poursuivre le développement du cadre réglementaire afin qu'il contribue efficacement à l'objectif politique de réorientation du financement vers des activités positives pour la nature (dans le cadre d'activités économiques durables en général). À l'heure actuelle, le cadre taxonomique présente des lacunes importantes par rapport à l'objectif environnemental en matière de biodiversité. Or, en tant que fondement même du cadre financier durable de l'UE, il est essentiel que le cadre taxonomique évolue afin de soutenir efficacement la réaffectation des fonds en faveur des activités positives pour la nature.

Le document intervient dans le contexte de l'ambition de la Commission de réduire de 25 % la charge associée aux exigences de déclaration et des diverses annonces relatives à la proposition de législation omnibus visant à simplifier le règlement sur la taxonomie, la directive sur la responsabilité sociale des entreprises et la directive sur le devoir de diligence en matière de développement durable des entreprises. Bien que l'amélioration de la taxonomie en vue de favoriser une approche plus globale de l'objectif environnemental en matière de biodiversité ne soit pas nécessairement contradictoire avec la réduction de la charge liée aux rapports, il est difficile de concilier cette orientation politique avec la conclusion du document selon laquelle il est nécessaire de poursuivre le développement du règlement relatif à la taxonomie pour atteindre l'objectif politique consistant à aider à réorienter le financement vers la protection et la restauration de la biodiversité.

La taxonomie augmente-t-elle les investissements dans des activités favorables à la nature ? (EN)

Février 2025

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